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René Descadeillas

(Moissac 7 mars 1909 – Carcassonne 22 avril 1986)

La silhouette ou la voix d'un homme suffisent parfois à le faire entrer, pour plusieurs générations, dans la galerie des hommes publics auxquels une ville confie, même quand elle est tue, et peut-être pour cela, une fonction emblématique. Descadeillas, " Desca " puisque tel était le surnom familier que lui avaient donné les Carcassonnais, avait le privilège d'allier les deux atouts, pittoresque supplémentaire s'il en fallait un homme dont tout le monde louait l'ardeur scientifique et la probité. L'enfant avait suivi sa famille à la nomination de son père au lycée de Carcassonne. La grande guerre devait le laisser seul avec sa mère dans la petite librairie qu'elle tenait rue de la République, ce qui ne l'empêcha pas –au contraire- de faire de brillantes études au lycée d'abord, à la Faculté des Lettres de Toulouse ensuite, où il passa sa licence d'histoire-géographie. Secrétaire d'Albert Sarraut, il se voit confier, dès 1933, la responsabilité de l'agence locale de la Dépêche, poste qu'il occupa avec brio, mettant au-dessus de tout l'honnêteté et l'indépendance du journaliste, à tel point que certains ont cru voir en lui le modèle de Joye, le " reporter " intrépide de la révolte des Corbières (1971). A cette époque pourtant René Descadeillas avait abandonné la presse depuis longtemps puisqu'il avait été nommé en 1949 bibliothécaire municipal, se lançant dans une politique de rénovation et d'acquisition qui allait faire de la bibliothèque un instrument de travail de tout premier ordre ; il succédait ensuite, en 1964 à son ami, René Nelli, comme conservateur du musée municipal des Beaux-Arts. Ces lourdes responsabilités ne l'empêchaient pas de participer de manière active à la vie des sociétés savantes auxquelles il livra maintes communications, ou d'écrire plusieurs ouvrages dont Le Comité civil et militaire de Narbonne (1939) et surtout sa thèse d'une érudition remarquable, sur Rennes et ses derniers seigneurs, 1730-1820. C'est à ce double titre, de bibliothécaire irrité par des curieux arrogants et d'historien agacé par les fantaisies spéculatives qui fleurissaient autour de Rennes-le-Château, qu'il dut de publier son fameux mémoire Mythologie du trésor de Rennes, qui n'eut pas toujours l'heur de plaire aux aventuriers de l'ésotérisme ; mais a-t-on jamais vu que la raison l'emportât sur le rêve, surtout quand il mélange Blanche de Castille, l'or, les Wisigoths, Jules Verne…. ? et les mânes de René Descadeillas n'ont, sans aucun doute, pas achevé de trembler.